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  • Myriam Blal

Sexperience (S1E6) - La petite mort…

Retrouvez la minute intime de Cosmic Sisters grâce à Myriam et sa rubrique hebdomadaire, Sexeperience. Mymy se lâche et vous fait des confidences sur sa vie de célibataire post-trentenaire, féministe et indépendante.


T'as joui?


Vital pour les uns et un petit plus pour les autres, l’orgasme est encore au centre de toutes nos relations sexuelles. Une sorte de but ultime derrière lequel tout le monde court pendant l’acte. Et plus on se concentre dessus, moins ça arrive...


-T’as joui?

-Non, mais c’était bien quand même…

-Il faut lâcher prise!


"Lâcher prise..."C’est ce qu’on me répète en permanence. Mais comment fait-on ça? Vous avez une marche à suivre pour se laisser aller, vous? Longtemps, j’ai cru que c’était uniquement, nous, les femmes qui avaient du mal à jouir et que les hommes avaient l’orgasme facile. Jusqu’au jour où j’ai passé des mois avant de faire jouir un certain amant.


L'homme qui ne jouissait pas


Je posais toutes sortes de questions, j’essayais toutes mes meilleures techniques de fellation; j’apprenais même de nouvelles façons de branler un homme. Langue, lèvres, seins, pieds, tout y passait mais rien n’y faisait! On s’est ruiné en produits du sex shop. Et je me suis cassé la tête à organiser des soirées coquines. Mais la jouissance ne venait pas.


Quand je le voyais quitter le lit pour fumer sa clope, je me sentais comme la pire amante au monde.

Quand je le voyais quitter le lit pour fumer sa clope, je me sentais comme la pire amante au monde. Je ressentais un tel sentiment d’échec quand je voyais que l’envie était passée.


Surtout que lui avait été le premier amant à me faire jouir en quelques minutes. J’avais toujours été trop cérébrale et incapable de me laisser aller au lit, mais quand ses lèvres s’étaient posées sur mes petites lèvres, mon corps avait été transpercé par un éclair de génie et j’avais enfin compris comment lâcher prise. Plus rien n’existait à part sa langue sur ma vulve. Sa respiration contre ma peau. Mes mains dans ses cheveux poivre et sel. À ce moment précis, ma température monte. Des mots dépourvus de toute grammaire s’échappent de mes lèvres. L'orgasme est là, je le sens venir. Cette sensation me transporte totalement le temps de quelques secondes.


Mais en face, mon amant n'est pas dans le même état. J'observe des tremblements, des expressions de plaisir, des mordillements de lèvres, des tirades élogieuses sur mes lèvres, des montées de chaleur. Tous les ingrédients semblent réunis et pourtant, la jouissance n’arrive pas. Quand je lui demande ce qu’il manque, il répond que c’est parfait et que, c’est lui qui a un blocage.




Un sentiment de frustration


Pourtant, seule entre les draps en satin, je me sens responsable. J’ai l’impression que c’est de ma faute et d’être incapable de le faire jouir. Et en même temps, je me sens coupable de lui faire sentir ma frustration.


Combien d’hommes m'avaient déjà mise mal à l’aise en me demandant des explications face à mon absence d’orgasme? Je connaissais que trop bien la pression mise par le partenaire de jeux quand on n’arrivait pas à atteindre le paroxysme.


Quand c’était moi qui ne jouissait pas, j’avais l’impression que c’était de ma faute et maintenant que c’était lui, je me sentais toute aussi responsable. Je ne voulais pas lui mettre la pression et le bloquer davantage.


L'intimité se construit


Un jour, dans une maison familiale en Calabre, par un été particulièrement chaud, sur un lit face aux oliviers, le miracle se produit. Après trois mois de relation, en mettant tous ses envies et ses fantasmes bout à bout, je le vois jouir. Une jouissance qui le transperce, lui déforme le visage et qui le laisse haletant pendant une bonne minute.


En le regardant, je réalise qu’autant pour les hommes que pour les femmes, l’orgasme, c’est vraiment dans la tête. Il avait fallu le temps qu’on s’apprivoise, qu’on se fasse confiance, que nos corps s’ajustent l’un à l’autre et que nos cerveaux soient prêts à lâcher prise.


Pour certains l’alignement ne prend que quelques secondes, pour d’autres des mois. Et c’est OK. Ce n’est ni la faute de l’un ou de l’autre, c’est juste comme ça.


Surtout que positionner l’orgasme comme but ultime de toute relation sexuelle, c’est so 2000! En 2021, on déconstruit la sexualité, elle ne doit plus nécessairement commencer par une érection et se terminer par une éjaculation. Elle ne devrait plus être aussi centrée sur le plaisir masculin. Ce n’est pas la pénétration qui définit une relation. Il y a 2021 nuances de plaisir, de sexe et d’orgasmes.

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